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Interview

Rencontre à Scénario-city

Réunir les deux Jean, Van Hamme et Dufaux, pour une interview croisée relève déjà de l’exploit. Qu’attendre de leur rencontre — Panique à O.K. Colisée ou Maciste contre Jessie James ? Désigné volontaire et ne reculant devant aucun sacrifice, le kamikaze de La Lettre est descendu dans l’arène.

Ils se sont retrouvés dans Main Street, Scénario City (banlieue de Brussels City), face à face. Regards d’acier, mâchoires serrées, doigts crispés. Sans se quitter des yeux, ils ont fait dix pas. Pas un de plus, pas un de moins. Et se sont assis à la table du restaurant pour commander un steak tartare précédé de croquettes aux crevettes. Et un petit côte-du-rhône, à la santé de Néron, Wayne Shelton et, tant qu’on y est, Largo Winch et Jessica Blandy.
Il n’y avait qu’un pique-assiette, ce jour-là – votre serviteur-kamikaze. Van Hamme et Dufaux ne quittent pas l’actualité de ce printemps 2001. Un western (Western, avec Rosinski, au Lombard) et la grande aventure (Wayne Shelton, avec Denayer, chez Dargaud) pour le premier ; le second signe le troisième volume de Rapaces (dessin : Marini) et le troisième chapitre de Murena (en collaboration avec Delaby) toujours chez Dargaud.

Jean Dufaux
C’est drôle, mes premières armes de scénaristes, je les ai aiguisées sur un western, une suite d’histoires courtes rassemblées sous le titre Hombre. Le personnage central en était un Indien, qui faisait de l’ombre aux héros traditionnels du western, le rancher, le cow-boy, le militaire…

Jean Van Hamme
C’est drôle, mon premier scénario publié en album était une sorte de péplum, Epoxy, avec Paul Cuvelier. On était loin tout de même des Steve Reeves (Hercule ! Maciste ! Fils de Spartacus !) que j’avais vus pendant mon service militaire à Arlon…

Jean Dufaux
Les références cinéma ont bercé tout le western BD. L’Homme de l’Ouest, d’Anthony Mann, et La Colline des Potences passent avant John Ford, John Wayne, Gary Cooper et tous ceux qui ont forgé l’imagerie du western. Et sa mémoire. C’est encore le cinéma qui donne notre vision de l’Antiquité. Quand Yves Schlirf nous a réunis, Delaby et moi, afin de mettre au point une collaboration, nous avons failli nous quitter sans avoir trouvé d’idée. Et puis, le déclic s’est fait sur le péplum. Immédiatement le cinéma est remonté à la surface de ma mémoire. J’ai vu passer Maciste, Spartacus, Kubrick, Fellini, encore Mann avec sa Chute de l’Empire romain, La Tunique…

En revanche, je serais assez emmerdé si on me demandait, aujourd’hui, un western ! Le genre est pratiquement abandonné par Hollywood, car la mémoire du western a disparu de l’imaginaire américain. En plus, avec la réhabilitation des différentes ethnies, les native Américans pour ce qui concerne les Indiens, les ressorts et les ficelles du western traditionnel deviennent politiquement incorrects.

Jean Van Hamme
Le problème du western, et cela vaut pour le péplum, c’est d’éviter les clichés. Les contourner, là, cela devient excitant. Dans Western, j’ai voulu retrouver le côté tragédie grecque qui sous-tend la conquête de l’Ouest. On y parle des Indiens, mais on ne les voit pas. Le personnage principal est un manchot – tireur d’élite, tout de même. Les bons ont des côtés d’ombre, les mauvais restent des êtres humains.

Si je m’attelais à l’écriture d’un péplum, je ferais tout le contraire d’un péplum. Je dis bien “si”, car le péplum est un genre que je n’aime pas. Et je ne suis pas le seul : il est notoire que les femmes n’aiment pas les films péplum, sans doute parce que c’est un monde de machos.

Jean Dufaux
Je peux comprendre que la surdose à Arlon entre pour quelque chose dans ton opinion, mais avoue que Spartacus… Jean Van Hamme : Ce n’est pas un péplum ! C’est un Kubrick. Comme le Satiricon est d’abord un Fellini. Dans Le Colosse de Rhodes, Sergio Leone a accumulé tous les poncifs du genre pour en faire un vrai “Sergio Leone”. Avoue que ton Murena n’est pas un péplum pur jus !

Jean Dufaux
C’est une aventure humaine dans un cadre romain – ce qui implique un détournement de clichés –, mais les références au cinéma sont bien présentes. Ce qui m’a intéressé, c’est de redécouvrir le personnage de Néron. Voilà un empereur qui a laissé dans l’Histoire une image épouvantable de pyromane chantant, d’assassin en famille et de trucideur de chrétiens. On oublie que le peuple adorait Néron ; ce fut un des empereurs les plus populaires. Et toutes les légendes atroces à son sujet appartiennent au domaine du mensonge. Les “historiens” de l’Antiquité étaient souvent payés par des empereurs qui avaient intérêt à noircir leur prédécesseur… surtout quand il fallait justifier qu’ils l’avaient égorgé pour le remplacer ! Le Néron de Murena est un adolescent affublé d’une mère sans scrupules, qui recourt au crime comme d’autres à l’aspirine ; il vit dans les intrigues perpétuelles, dont il est d’abord le jouet, mais qu’il devra maîtriser pour ne pas finir comme victime de l’une d’entre elles. Cela dit, la BD d’aventure slalome, elle aussi, entre les clichés.

Jean Van Hamme
Avec Wayne Shelton, je devais éviter un Largo bis ou un XIII et demi. J’en ai fait un baroudeur de cinquante ans, qui a intérêt à éviter les cascades, sur le terrain et entre les draps. En fait, cela faisait quelques années que ce personnage me trottait en tête. J’ai écrit cette histoire pour le cinéma. A l’époque, j’avais rencontré un des producteurs d’Emmanuelle. C’était son premier film et il avait remporté le gros lot. Il s’est pris à rêver et m’a demandé un scénario. Mais à force de rêver, il a couru à la faillite et le film ne s’est jamais fait. Denayer cherchait un scénario, j’ai repensé à Wayne Shelton, son périple en camion dans une république du sud de l’ex-Urss, son équipe de têtes brûlées, les coups tordus qu’on lui fait…

Jean Dufaux
On a dit que depuis la Bible et Shakespeare, toute fiction n’est plus qu’une variation sur un même thème. Une fois digérée cette constatation déprimante, tout le jeu consiste à faire le contraire de ce qu’attend le lecteur, se référant à ses lectures précédentes, ses souvenirs, ses repères culturels. Dans Rapaces, des clés sont données dans le troisième volume, mais elles n’ouvrent pas toutes les portes. Faut-il d’ailleurs tout expliquer dans la fiction, alors que la réalité est pleine de zones de mystères ?

Un aveu et une faillite : je (le pique-assiette) ne suis pas parvenu à leur faire dire, se regardant dans les yeux : “Jean, j’aime ce que tu fais.” Les brassées de compliments, ce n’est pas leur genre. En tout cas, face à face. Mais les deux Jean ont la manière de ne pas dire ce qu’ils brûlent d’exprimer. Pudeur. Alors, mine de rien, on évoque Charlier, Greg, Tillieux.

Jean Dufaux
Charlier, je l’ai très peu rencontré. Je me souviens d’un séducteur. La magie du verbe. Tout ce qu’il disait devenait passionnant.

Jean Van Hamme
Le génie de la bande dessinée. Il possédait l’art de raconter plusieurs fois la même histoire, mais en renouvelant la curiosité du lecteur. De Buck Danny à Michel Tanguy, il a raconté des aventures d’aviateurs, très proches les unes des autres. Et cependant, Tanguy, ce n’est pas un succédané de Buck Danny. Placé dans un cadre analogue, Charlier parvenait à se renouveler, tout en utilisant les mêmes ficelles, ces fameux câbles dont il rigolait volontiers.

Jean Dufaux
Ce qui ne l’a pas empêché de passer à la vitesse supérieure dans Blueberry ; La Mine de l’Allemand perdu…

Jean Van Hamme
C’est le chef-d’œuvre des chefs-d'œuvre ! Greg possédait aussi cette puissance du récit et parvenait à créer des moments émotionnels – ce que je rencontre peu chez Charlier.

Jean Dufaux
Greg brillait autant dans l’humour que dans le réalisme. Ce qui nous mène à Tillieux, un orfèvre de l’humour, qui n’a pas eu le temps de donner toute sa mesure dans le réalisme. La bande dessinée a aussi ses fantômes. Ils passent, rassurés que leur lignée soit assurée. Je ne me souviens plus qui, de Buffalo Van Hamme ou de Midas Dufaux, a terminé le premier son steak tartare.


Alain De Kuyssche

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