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Interview

Joann Sfar : "J'éprouve de la tendresse pour tous me...

C’est avec une maîtrise de philo en poche que Joann Sfar se lance… dans le dessin. L’Association lui permet de mettre le pied à l’étrier et, depuis, Sfar a travaillé avec de nombreux éditeurs dont Guy Delcourt (Petrus Barbygère avec Dubois, Donjon avec Trondheim, Les Potamoks avec Munuera, Troll avec Boiscommun et Morvan), Dupuis (La Fille du professeur avec Guibert) et Dargaud (Paris-Londres et Merlin avec Munuera) comme dessinateur ou scénariste.

Sincèrement, vous êtes plus à l’aise dans le scénario ou le dessin ?
J’aime avant tout dessiner mais comme mes scénarios se présentent aussi sous la forme de petits dessins, je n’ai pas l’impression de changer de métier quand je passe du dessin au scénario. Il me semble que la distinction entre scénariste et dessinateur est assez artificielle parce que le dessinateur de bandes dessinées n’est pas seulement un illustrateur : il "raconte" au même titre que le scénariste. Pour moi, entamer une collaboration avec un autre auteur, c’est une façon d’être ami avec lui, un peu comme si on allait prendre le thé ou manger des petits gâteaux tous les deux.

Vous avez reçu le Prix Goscinny du scénario pour La Fille du professeur. Voilà qui doit faire plaisir…
J’aime énormément René Goscinny. La tendresse qu’il distille dans ses histoires est très communicative. Lire un livre de René Goscinny, c’est se replonger dans un monde de petits garçons circonscrit par les murs d’une école, pardon, d’un village gaulois. Rien ne pouvait me faire plus plaisir qu’un Prix René Goscinny d’autant qu’il vient récompenser ce livre avec Emmanuel Guibert. Mais avoir la chance de travailler avec Emmanuel est déjà un cadeau merveilleux.

L’Association a été votre premier éditeur. Vous travaillez toujours pour Lapin, la revue de L’Association. Fidèle ?
Sans cette contrainte de périodicité trimestrielle, je n’aurais jamais fait toutes ces histoires en N&B dans Lapin. Je suis un peu feignasse et il faut me pousser un peu pour que je m’y mette. Lapin permet de développer de très longues histoires en N&B avec un dessin assez cursif, proche des carnets. J’adore ce genre de récits et je crois que, sans Lapin, je le pratiquerais assez peu parce que les éditeurs traditionnels préfèrent des albums plus abordables. Lapin c’est notre laboratoire. Hé ! j’y fais seize pages par trimestre tout de même !

Lors d’un Festival d’Angoulême, vous aviez réagi devant la Ministre de la Culture au sujet du refus d’attribution du numéro de commission paritaire à Lapin. Qu’en est-il ?
Heu… Ça a fait marrer Menu et mes copains de L’Association. En plus j’ai dit ça avec une voix toute timide et c’était rigolo. Je crois que les choses ont pas mal avancé depuis1, mais je ne sais pas si c’est grâce à cette intervention.

Vous avez l’habitude de travailler en studio. Pourquoi ?
Pour perdre du temps à faire des jeux vidéos et aller à la piscine avec Christophe Blain et boire du thé chinois avec David B. et de l’alcool français avec Emile Bravo !

Comment avez-vous été amené à rencontrer Pierre Dubois ?
Je lis ses livres depuis toujours et j’ai eu la chance de le rencontrer au Festival de Hyères il y a dix ans. C’est mon maître. Je m’assieds et je l’écoute. Avant de le rencontrer je ne connaissais ni Jean Ray ni Seignolle ni Thomas Owen. C’est lui qui m’a fait découvrir Sherlock Holmes. Il est vrai que le climat de la ville de Nice où j’ai grandi ne se prêtait pas tout à fait aux ambiances sépulcrales…

Mais vous semblez fortement attiré par le même type d’univers fait de légendes, contes, etc. ?
J’aime le fantastique lorsqu’il se nourrit de la réalité. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de mettre en présence des créatures imaginaires et des événements quotidiens. Je chronique la vie ordinaire des fantômes. Le professeur Bell, mon nouveau héros (aux éditions Delcourt, NDLR), est un docteur, pas un détective conseil : il soigne les bobos et les états d’âme des monstres.

On sent aussi une proximité graphique dans votre travail avec certains illustrateurs anglais tels Ronald Searle. Vrai ou faux ?
Vrai. Il y a aussi Edward Gorey, Fred, Schulz, Sempé, Kirby, Moebius, F’murrr, Eisner et Tardi. Je suis assez bête pour croire qu’un jour je dessinerai comme tous ceux-là. Mais aussi comme Pratt, Pichard et Crumb !

Comment vous est venue l’idée de créer la série Merlin directement inspirée des romans arthuriens ?
C’est venue d’une demande du dessinateur, José-Luis Munuera, qui souhaitait que je lui raconte une histoire pour enfants. Après avoir fait une série d’héroïc-fantasy de trois albums (Les Potamoks chez Delcourt), on avait envie de changer et de s’adresser à un public d’enfants. Le personnage de Merlin est fascinant : selon la légende c’est le fils du diable… Une sainte ayant accouché d’un enfant sans père connu, on a dit que c’était l’œuvre du diable. Un petit garçon qui prétend que son papa est le diable mérite forcément qu’on lui consacre un peu d’attention !

Chaque album se présentera comme un "conte" ?
Oui, en fait chaque album débutera avec un vieux dragon qui, pour endormir ses enfants, leur raconte une histoire d’interminables histoires d’humains : on peut supposer que cela se passe alors que les hommes ont disparu de la Terre… Dans le deuxième album Merlin rencontrera même le Père Noël qui, comme chacun sait, était encore petit à l’époque ! Il y aura donc un petit Merlin qui croisera un petit Père Noël… Un vrai conte de Noël, non ?

Certes ! Mais vous prenez beaucoup de liberté par rapport aux légendes arthuriennes ?
Oui, l’idée étant de mettre en scène un petit garçon — en l’occurrence Merlin — accompagné d’un ogre et d’un cochon. Il leur propose de les héberger chez lui et comme sa maman est gentille tout ce petit monde cohabite : on est loin de Chrétien de Troyes ou de Jean Markale ! (Rires.) Là, on ferait plutôt du Petit Nicolas au Moyen Age…

L’humour et la parodie sont une constante chez vous. A commencer par Donjon où, là aussi, vous explorez un univers (l’héroïc-fantasy) parodié…
Donjon c’est la rencontre entre Mickey et Conan le Barbare : on essaie, avec Lewis Trondheim, de raconter le plus sérieusement du monde des histoires totalement abracadabrantes. Il y a un univers riche et cohérent avec des centaines de personnages qui meurent petit à petit. Il n’y a pas de héros attitrés : ce ne sont pas, par exemple, Herbert le canard ou Marvin ; le "héros" c’est ce donjon régi par des lois très compliquées. C’est donc une parodie de l’héroïc-fantasy avec beaucoup d’absurde mais aussi énormément de cohérence : on veut faire quelque chose d’aussi construit que le Seigneur des anneaux. Rien que ça ! (Rires.)

Vous n’avez pas peur de dérouter, parfois, certains lecteurs ?
En fait je n’essaie pas de faire de second ou troisième degré ; même lorsque je raconte une histoire impossible, j’y crois toujours. S’il y a une constante dans ce que je raconte, c’est sûrement une réelle tendresse pour les personnages, une tentative de toujours se mettre à leur place.

On le sent bien avec Herbert dans Donjon…
Oui, oui, je me mets à sa place quand il est placé dans des situations ridicules… D’ailleurs ça me fait penser à certains de mes rêves : j’arrive à l’école en pyjama alors que tous les autres sont habillés ou, encore, au moment de la Coupe du monde de foot, je m’apprête à faire mon entrée sur le terrain durant la finale alors que je ne sais absolument pas jouer au foot : quel cauchemar ! Herbert est face à des situations ridicules de ce genre…

Vous allez proposer une autre série avec le même compère chez Delcourt ?
Oui, c’est assez simple : il s’agit de Crépuscule qui est censé se passer en fait au tome 101 de Donjon… On a imaginé que ce donjon avait changé et qu’il n’avait plus les mêmes propriétaires. Exit le canard et le dinosaure, on mettra en scène un lapin rouge et une petite chauve-souris […]. Ça se passe au moment où la Terre s’est arrêtée, d’un côté il fait très chaud, de l’autre très froid : tout le monde vit donc entassé sur une petite bande de terre que l’on appelle le "crépuscule" ! Par rapport à Donjon, le changement c’est que Lewis fait plus de scénario et moi plus de dessin.

Munuera, dessinateur de Merlin, avait déjà réalisé la série Les Potamoks sur vos scénarios. Pouvez-vous le présenter ?
C’est Laurent Duvault, qui était alors chez Delcourt, qui m’avait présenté Munuera il y a cinq ou six ans lors d’Angoulême. C’est comme ça qu’on a démarré Les Potamoks. Munuera est un ami, c’est quelqu’un de très attachant et ça m’amuse de parler espagnol avec lui ! Professionnellement, il a un dessin extrêmement vivant. Il est un peu comme les dessinateurs de Disney, il fait l’andouille quand il dessine en faisant des grimaces : c’est amusant de travailler avec lui… Lorsque je lui écris une histoire, il rajoute sans cesse des "conneries", des gags que je n’avais pas prévu. Il a une façon percutante de mettre en scène, on le voit bien avec le cochon dans Merlin…

Avec l’ogre aussi…
Oui, ce "bébé" de trois tonnes qui apprend à lire avec le cochon mais qui essaie aussi parfois de le manger ! On voit que Munuera s’est beaucoup amusé à dessiner ce trio constitué du cochon, de l’ogre et de Merlin.

FLB

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