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Delaby : "J'ai l'impression de tourner un péplum !"

Agrippine, Claude, Britannicus, Néron… Pour leur somptueuse et tumultueuse série Murena, le scénariste Jean Dufaux et le dessinateur Philippe Delaby ont réuni un casting impérial. Il en résulte une fresque antique pleine de fureur et riche en rebondissements sur l'ambition et les dérives du pouvoir. Rencontre avec le metteur en scène de cette "BD-péplum" qui bouscule pas mal d'idées reçues…

Sans doute peu de lecteurs de Murena s'en souviennent-ils, mais c'est déjà par une histoire par la Rome antique que vous vous êtes fait connaître…
C'est vrai. L'une de mes toutes premières bandes dessinées publiées était une courte histoire de gladiateurs. C'était en 1987 dans le journal Tintin. A l'époque, j'étais encore très influencé par les aventures d'Alix et l'univers de Jacques Martin. Mais, j'ai toujours adoré les péplums, ces grandes fresques cinématographiques qui retraçaient des épisodes de l'Antiquité. J'ai pratiquement vu tous les films de ce genre très en vogue dans les années cinquante et soixante. Les meilleurs comme les films américains Ben-Hur, Cléopâtre, Spartacus, etc. Mais aussi les pires comme les Hercule et les Maciste italiens ! Dès lors, j'ai voulu reproduire cela en BD. Quand j'apprenais le dessin à l'académie des beaux-arts de Tournai, je mettais déjà de préférence en images des histoires qui se situaient dans la Grèce ou la Rome antiques…

Qu'est-ce qui a fait naître en vous cette passion pour l'Antiquité ?
En fait, cette passion m'est venue après avoir vu le Ben-Hur de William Wyler. Ce film m'a marqué très profondément. L'histoire, l'ambiance, les couleurs, la mise en scène colossale, les décors grandioses, les costumes… Ce fut le choc qui a décidé de mon avenir ! C'est à partir de là que j'ai, par ailleurs, commencé à me passionner pour toutes les grandes figures de l'Antiquité. Des personnages comme Néron, Caligula et même Jules César ont eu des vies absolument fascinantes. En lisant leur biographie, on se rend compte que le monde politique d'aujourd'hui n'a guère évolué. L'ambition, le pouvoir, les intrigues, les complots, les compromis, l'argent, la corruption… faisaient déjà l'actualité de l'époque.

Mais, la réalité de ces personnages provoque-t-elle la même fascination que leur représentation à l'écran ?
J'avoue que moi-même, dans un premier temps, je me contentais de l'image que projetait le cinéma de ces personnages. Par la suite, je me suis tout de même documenté afin de connaître la vérité. Car il faut bien dire que le cinéma a souvent privilégié le romanesque et le spectaculaire au détriment de l'authenticité. Hormis le Spartacus de Stanley Kubrick qui est assez proche de la réalité, les autres péplums se permettent beaucoup de libertés par rapport à ce qu'était vraiment l'Antiquité. Cela dit, la télévision a produit depuis quelques séries historiques d'excellent niveau, comme Moi, Claude empereur, Massada et le Jésus de Nazareth de Zefirelli. Ce sont des productions de ce type qui m'ont incité à traiter le sujet en BD avec un réalisme pur et dur…

Et à rendre aux César ce qui est vraiment aux César ?
L'idée qu'on se fait de l'Antiquité est généralement fausse parce qu'elle est précisément très influencée par le cinéma et la télé. Pour beaucoup, Néron est ainsi le personnage tyrannique, excentrique, sadique et lubrique campé par Peter Ustinov dans Quo Vadis. Or, Néron n'était pas intéressé par le pouvoir. Il n'est devenu un despote sanguinaire que poussé par l'ambition meurtrière de sa mère Agrippine et pour se protéger des complots qui visaient à l'éliminer. On oublie qu'il a grandement contribué au prestige de Rome et on ne retient que le côté psychopathe qui a marqué la fin de son règne. En me documentant sur lui, j'ai d'ailleurs découvert qu'il était un homme beau, athlétique, intelligent, raffiné, tout différent de l'empereur rondouillard, fielleux, capricieux, cruel qu'on se représente habituellement.

Ne risquez-vous pas de choquer certains bédéphiles pour qui la vraie Rome antique reste celle d'Alix ?
Dans Murena, Jean Dufaux et moi — lui au niveau du scénario et moi sur le plan de l'illustration — nous avons tenu à nous rapprocher le plus près possible de la vérité. Nous avons voulu montrer aux lecteurs comment était réellement Rome sous le règne de Néron. En bousculant les idées reçues, nous avons peut-être choqué certains fans d'Alix, mais notre intention n'était pas de faire de la provocation. Notre objectif était d'être réalistes et de ne pas occulter l'extrême cruauté de l'époque. Cela dit, nous nous sommes tout de même gardés d'exploiter cette cruauté de façon gratuite. Si certaines images peuvent paraître violentes, elles sont encore largement en deçà de la réalité d'alors… Nous sommes donc dans un univers très différent d'Alix. En tout cas Jacques Martin est un grand narrateur et dessinateur
.
Ce souci de vérité a dû nécessiter un travail de documentation considérable ?
Jean Dufaux est un érudit ! Il a compulsé une masse d'ouvrages sur l'Empire romain et, plus particulièrement, sur le règne de Néron. Il a notamment lu Suetone (Vie des douze César) et d'autres auteurs latins. Je me suis moi-même rigoureusement documenté. Grâce à un ami, j'ai pu disposer de documents anglais, les plus pointus au niveau des reconstitutions. Je ne pouvais pas me permettre d'erreurs pour les décors et les costumes ! Pour ce qui est de l'ambiance, je me suis inspiré du Satyricon de Petrone et de l'adaptation qu'en avait faite Fellini. Cela m'a aidé à restituer le côté truculent et le côté malsain de l'atmosphère de l'époque. Je me suis également référé aux fresques et mosaïques de Pompéï et autres sites archéologiques…

Etant un fan de péplum, vous arrivez à vous dégager de cette influence ?
C'est une influence dont il n'est pas facile de se dégager. Car, le cinéma, ce n'est pas seulement des images qui défilent et imprègnent l'imagination. Le “péplum”, c'est aussi un certain style de musique pompeuse… Mais cela contribue à vous mettre dans le bain. Ainsi, je dessine avec de la musique de péplum en fond sonore ! Et je sais que Jean Dufaux écrit le scénario dans les mêmes conditions… Cela dit, je pense qu'on ne pourrait pas faire revivre l'Antiquité sans ces références cinématographiques. Car les sensations, on ne les ressent pas à la lecture de bouquins ou en visitant des ruines. On les ressent au cinéma en voyant et en entendant des personnages hauts en couleur qui s'animent dans des décors plus ou moins bien reconstitués. En fait, pour Jean et moi qui sommes tous deux des cinéphiles passionnés, Murena est un moyen de réaliser une super-production à peu de frais. Et puis, qui peut réunir un pareil casting ?

Murena, c'est de la BD en cinémascope et technicolor ?
Pas en technicolor ! Car ce procédé photographique donnait des couleurs trop vives et trop “kitch”. Sur le plan visuel, et aussi au niveau du traitement du sujet, Murena fait d'avantage référence à la lumière naturelle des images et la profondeur psychologique du Spartacus de Stanley Kubrick qu'au clinquant qui vous en met plein la vue de la plupart des péplums hollywoodiens. C'est pourquoi, j'ai choisi de colorier mes planches en couleurs directes. Elles en deviennent ainsi plus nuancées et plus en adéquation avec le ton particulier du récit. A ce propos, je dois rendre ici hommage à André Benn qui m'a formidablement secondé dans cette tâche.

Au fait, Murena a-t-il existé ?
Lucius Murena est un personnage fictif que nous avons confronté à des personnages authentiques. Ce qui permet de raconter une histoire et de faire réagir des personnages sans s'en tenir de façon trop stricte et trop limitée à l'Histoire. Un peu à la manière de Shakespeare, Corneille et Racine dans leurs tragédies (cela dit en toute modestie !). Et aussi à la manière plus contemporaine de cinéastes comme Sergio Leone, Brian de Palma, Francis Coppola, Martin Scorsese. Disons que Murena, c'est un thriller sur fond, très noir, de Rome antique !

Quel a été, graphiquement, le défi le plus ardu que vous ayez eu à relever ?
Ce fut de typer distinctement chaque personnage en fonction de son caractère et de son rôle. Il n'y en pas deux qui se ressemblent ! Comme lorsqu'on dessine un visage, il est pratiquement impossible de faire abstraction de personnalités existantes, c'est encore au cinéma que j'ai emprunté certains traits des protagonistes du récit. Belle, froide, hautaine, Agrippine m'a ainsi instinctivement fait penser à Carole Bouquet. Il y aussi un méchant qui apparaît furtivement dans ce second album, mais qui va jouer un rôle prépondérant dans les épisodes suivants : lui, c'est Jack Palance !

C'est aussi l'idée que s'en fait Jean Dufaux ?
Ce qu'il y a de formidable avec un scénariste comme Dufaux, c'est qu'après avoir longuement discuté avec vous du sens qu'il souhaite apporter à l'histoire et de la psychologie des personnages, il vous laisse une totale liberté au niveau de la mise en images. Que tel protagoniste ne ressemble pas au portrait qu'il se faisait de lui, cela lui importe peu. L'essentiel est que celui-ci ait l'air de jouer exactement le rôle qui est le sien et que ses traits traduisent toute la duplicité de son caractère. Bref, qu'il ait bien le physique de l'emploi ! De plus, le vocabulaire que nous utilisons dans nos discussions, est plus un vocabulaire de cinéma que de BD. Avec Jean, j'ai l'impression, non pas de dessiner, mais de tourner un péplum. Ce qui est évidemment très enthousiasmant.

De Jean Dufaux et vous, lequel est le plus “romain” ?
Jean Dufaux est, pour moi, très romain. C'est quelqu'un de très structuré, qui avance et fonce avec une détermination et une force subtilement dosées. Moi, j'ai plutôt un tempérament grec ! Je suis assez Bohême et j'ai besoin d'une autorité qui me soutient et me guide. Et c'est sans doute pour cela qu'entre nous deux, ça marche extraordinairement bien.

J.L.L

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