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Interview

Les chemins de la liberté de Pierre Christin (1)

En janvier 1999, P. Christin, avec Alexis Lemoine, a publié Les 4 Vérités de la Ve dans sa jolie petite collection "Les Correspondances de Christin". D’autres titres sont annoncés. Avec Max Cabanes, avec Bilal. Un Valérian est en train de faire chauffer ses moteurs dans l’atelier de J.-C. Mézières. Ce mois-ci, Pierre nous propose, avec Annie Goetzinger, dans la collection "Long Courrier" (toujours chez Dargaud), un superbe Paquebot. Le bon moment pour faire un premier point avec un de nos plus beaux scénaristes sans cesse à la recherche de nouveaux continents artistiques à découvrir. La suite de cet entretien fleuve sera publiée dans le prochain numéro de La Lettre.

Vous êtes romancier (L’Or du zinc, aux éditions Albin Michel), scénariste, journaliste et professeur de journalisme. Quelle est la part qui, éventuellement, l’emporte chez vous… ?
Parfois, je sens bien, par ma production comme par ma vie, que je n’appartiens pas totalement au monde de la BD. Mais je n’appartiens pas davantage au monde universitaire ou à celui de la littérature. Il y a là du choix et du hasard, avec un désir farouche d’avoir une vie libre sans horaires ni contraintes, un rejet viscéral des réseaux (sauf ceux de l’amitié, sacrée à mes yeux) mais aussi depuis ma jeunesse une espèce d’indifférenciation quant à ce que je veux être ou faire (sauf écrire, d’où les livres, ou parler, d’ou l’enseignement). J’adore toujours faire de la bande dessinée, y compris très classique comme dans Valérian ou Les 4 x 4 avec Philippe Aymond, pour l’extraordinaire liberté qu’offre ce moyen d’expression. Mais, à la différence de nombreux scénaristes, je ne me suis jamais vu multipliant les séries. Pour moi, chaque livre est un nouveau livre. Les sujets et les moyens de les traiter ne sont jamais interchangeables. Un bon sujet de BD n’est pas un bon thème de roman, qui n’est pas une bonne trame de livre illustré, qui n’est pas un bon scénario de film, qui n’est pas une bonne pièce de théâtre, qui n’est pas un bon livret d’opéra, pour parler de choses que j’ai faites avec plus ou moins de bonheur. J’aime la versatilité et mon rêve serait d’avoir utilisé tous les supports narratifs, d’avoir exploré tous les genres littéraires. Ce qui, au point où j’en suis de ma vie, est malheureusement un peu présomptueux.

Dans Les 4 Vérités de la Ve, vous êtes en tandem avec un dessinateur étonnant, Alexis Lemoine…
La rencontre avec Alexis fait partie des grands plaisirs d’un métier où l’on peut travailler avec des graphistes éblouissants et — en même temps — très différents les uns des autres. Je n’avais vu de lui que quelques dessins qui m’avaient tiré l’œil dans Libération, une très belle affiche de théâtre sur une colonne Morris et aussitôt, comme cela m’est arrivé jadis pour Tardi, Bilal, Boucq et d’autres alors qu’ils étaient débutants, cela a été un petit déclic passionné. Quand j’ai rencontré ce jeune homme et que j’ai découvert non seulement son talent, mais aussi son immense culture picturale et son ironie politique, j’ai tout de suite senti que nous pouvions faire un livre ensemble. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçu.

Et vous collaborez avec J.-C. Mézières, Enki Bilal, Philippe Aymond, Max Cabanes, d’autres encore…
Didier Christmann et la maison Dargaud m’ont fait un très beau cadeau en me confiant une collection intitulée, à la suggestion de Didier, "Correspondances".
Ces petits livres illustrés me permettent de travailler avec des artistes que j’aime et qui n’auraient pas forcément plus que moi le temps ou le désir de s’engager dans un album de BD. Chaque collaboration établit — très précisément — une correspondance entre un graphiste et moi-même, me permettant de concevoir des livres à chaque fois inattendus, y compris pour moi. Parce que, si je sais très bien comment faire un album de bande dessinée, je ne sais jamais vraiment comment sera la prochaine "Correspondance", sauf son délicieux format à l’italienne (redouté hélas à juste titre par les commerciaux puisque tout le monde dit l’aimer alors que moins nombreux sont ceux qui l’achètent, mais bon…). Chacune des collaborations que j’ai eues jusqu’à présent avec des vieux amis comme Patrick Lesueur ou des dessinateurs que je connaissais à peine personnellement, comme Jean-Claude Denis, a constitué pour moi un petit moment magique, tel que j’ai pu en avoir avec Enki Bilal pour mes premiers "romans graphiques", L’Etoile oubliée de Laurie Bloom ou Cœurs sanglants. Enki, qui s’apprête d’ailleurs à réaliser une "Correspondance" avec moi pour célébrer — à notre façon — le passage au XXIe siècle.

Ce mois-ci, vous retrouvez une de vos partenaires préférées, Annie Goetzinger, pour Paquebot, un grand récit qui paraît chez Dargaud, dans la collection "Long Courrier".
Annie occupe une place à part dans la bande dessinée. Non seulement parce qu’elle est l’une des toutes premières femmes à s’être engagée dans cet art, mais parce que sa manière de faire n’appartient qu’à elle et donne un charme très particulier à ses albums. Alors que la plupart des dessinateurs travaillent leurs personnages en quelque sorte de l’extérieur et que c’est le trait, le mouvement, la mimique qui vont nous faire deviner leurs sentiments, Annie, comme beaucoup de romancières que j’aime d’ailleurs, à tendance à faire venir la lumière de l’intérieur de ses personnages. Le regard, la coiffure, le vêtement, les objets familiers, tout concourt à dresser des portraits psychologiques intimistes que je m’efforce de servir en lui proposant des scènes douces, en lui suggérant de nombreuses figures féminines. Il y a aussi dans son dessin une certaine nostalgie d’un monde plus ancien, plus policé, plus raffiné dans les sentiments et dans la manière de les exprimer, quelque chose qui me lie à elle, peut-être par ce que j’ai de féminin en moi. Travailler en sa compagnie introduit certaines complicités dans des domaines que je n’ai nulle envie de partager avec des garçons, tant l’esprit vestiaires de mecs, qui nous guette tous, me dégoûte. Et puis tout simplement, j’aime l’univers féminin et celui d’Annie me convient parfaitement pour raconter des histoires que je ne pourrais imaginer avec personne d’autre, et même pas tout seul dans un roman, au fond.

Pouvez-vous me résumer Paquebot à la manière de Pariscope. En vous lisant j’ai pensé à Eric Ambler…
Dans Pariscope ce serait… : "Après le Titanic américain, l’Horizon français", et ce serait à côté de la plaque comme le sont la plupart des notules filmographiques de ce journal. Commencé bien avant la sortie du film de Cameron, l’album qui s’est appelé aussi Les Dames de l’Horizon s’inscrit en fait dans les récits de traversées de Blaise Cendrars, Evelyn Waugh, Somerset Maugham, Paul Morand et d’autres écrivains que nous aimons Annie et moi, y compris bien sûr Eric Ambler. Dans ce monde clos que constitue un navire de ligne reliant pour la première fois après la Seconde Guerre mondiale Marseille à l’Extrême-Orient, il y a un mélange de comédie mondaine, de clivages sociaux, de rivalités politiques et de joutes amoureuses qui vont se cristalliser autour d’un plan de navire — fourni au lecteur…avec l’album… ! — dont on découvre qu’il s’est appelé le Parsifal et que c’est à son bord que Hitler avait prévu de se rendre à New York lorsque le Reich aurait gagné la guerre. Paquebot, c’est à la fois un voyage de rêve et une satire d’époque, un roman policier à énigme et des désillusions féminines…

Ces jours-ci vous partez pour un tour du monde. Je croyais que vous l’aviez déjà fait pour votre livre avec Aymond et Cabanes ? Vous poursuivez quoi ou vous êtes poursuivi par quoi… ?
Quand on commence à voyager, on ne sait plus s’arrêter, je suppose. A chaque étape on se projette dans la prochaine, on suit du doigt des itinéraires séduisants sur des cartes improbables, chaque voyage nourrit le désir du suivant. En même temps, quand on est sur le départ, on est souvent saisi d’un terrible… : à quoi bon… ? Et puis c’est le saut dans l’inconnu et il n’y a plus qu’à avancer, à moins que tout cela ne soit qu’une illusion et qu’on reste en quelque sorte immobile avec le monde qui défile comme dans un jeu d’arcade d’un réalisme saisissant. Quoi que qu’il en soit, si je pars ainsi cette fois-ci, c’est parce que mon premier tour du monde s’est fait par l’hémisphère Nord et que j’ai maintenant envie de voir la Terre d’en bas, en quelque sorte, par le Sud, en sautant du Kalahari sud-africain à l’outback australien pour finir dans les cailloux patagoniens. Cela dit, pour le moment, j’ai plutôt envie de rester à Paris, là où je suis et où — somme toute — je suis très heureux. A moins qu’il n’y ait quelque chose de retors à l’œuvre… : peut-être que je pars pour voir comment ça fait de m’éloigner de ceux que j’aime, peut-être qu’au moment du départ je pense déjà au bonheur du jour de mon retour.

La fin de l’année dernière a été rude pour le métier. Il y a eu les disparitions de Serres, de J.-C. Forest, de Pierre Pascal, de Jean Vern.
Oui, j’ai eu du chagrin. J’aimais mieux l’époque où tout le monde ou presque était jeune dans le milieu de la bande dessinée. Et c’est à cette époque-là que je revois mes deux amis. Pierre Pascal virevoltant dans son Bar de l’Avenir tapissé de dessins, à Bordeaux, avant même la création du Salon d’Angoulême. Et Jean Vern, avec qui je préparais notre premier album sur la musique des années 70, En douce le bonheur, jouant merveilleusement du saxophone ténor avec les meilleurs musiciens américains du côté de la montagne Saint-Geneviève. Voilà l’image que je veux garder d’eux, quand tout le monde ou presque, y compris moi, était jeune comme eux.

G.V

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