Zombillénium

Francis von Bloodt, vampire de son état, gère en bon père de famille le parc d'attractions Zombillénium. On n’y embauche pas n'importe qui : les simples mortels n'ont qu'à passer leur chemin, ici on ne travaille qu'avec d'authentiques loups-garous, vampires et momies, sorcières et autres créatures infernales.  C'est ce que va découvrir Aurélien, un homme au bout du rouleau, trompé par sa femme ; et qui va se retrouver embauché malgré lui dans cette étrange entreprise. Gretchen, sorcière stagiaire, va l'aider à faire ses premiers pas...
Rencontre avec Arthur de Pins, l’auteur de ce petit bijou d’humour très très noir.

Alors comme cela, des pin-up aux monstres, du rose fripon au noir ténèbres, il n’y aurait qu’un pas ? Comment expliquer un tel
virage ?
Effectivement, il n'y a qu'un pas que j'ai franchi il y a deux ans, lorsque Frédéric Niffle, rédac' chef de Spirou, m'a demandé de réaliser la couverture du Spécial Halloween. Heureux comme tout qu'on me demande ENFIN autre chose que des nymphettes, je me suis appliqué à fond, jusqu'à lui donner envie de faire vivre (façon de parler) les monstres de cette couverture dans un album. Je dessinais des monstres étant ado et ça a été un réel plaisir de me replonger dedans.

Changement de ton, mais changement de style aussi avec un retour au semi réalisme. Etait-ce nécessaire pour aborder une telle histoire ?
Oui, car après les choix artistiques de Péchés Mignons et ses gaufriers façon « maison de poupée », j'ai voulu avoir le plus de liberté possible dans les cadrages, les vues d'ensemble, les détails... Et donc m'éloigner du style cartoon et des vues de côté. Le ton plus sombre de Zombillénium et son quotidien de vie de bureau exigeait que je dessine de manière plus réaliste.

Vous avez déjà abordé la fantaisie urbaine avec le dessin animé La Famille féerique. Qu’est ce qui vous séduit dans ces univers de monstres et de fées ?
J'aime le fantastique quand il a un pied dans la réalité. Les films de zombies ou de monstres m'ennuient profondément s'il n'y a pas un message derrière, un parallèle pertinent avec notre monde à nous. Comme c'est le cas dans Freaks, Elephant Man, ou plus récemment Morse ou Zombieland. Un zombie en soi, je trouve que ça n'a aucun intérêt. Un zombie devant une machine à café, c'est déjà beaucoup plus marrant.

Justement, on rit beaucoup à la lecture de cet album. Tout comme dans Péchés mignons.
C'est drôle parce que pour Péchés Mignons, Fluide Glacial oblige, l'humour est une contrainte. Du coup, je m'y « colle » tant bien que mal, même les jours où le moral est dans les chaussettes. Chez Spirou, cette contrainte disparaît. Dès lors, je n'ai absolument pas écrit Zombillénium en cherchant à faire rire. Pour moi c'est une BD d'aventure à base de drames humains. Or, beaucoup de gens me parlent de son humour. Tant mieux, ça prouve que ce ne sont pas des gags poussifs.