Silex and the city

Pour ceux qui auraient loupé le début, rappelons que nous sommes en 40 000 avant Jésus-Christ. En ces temps reculés, toute la planète obéit aux lois de la sélection naturelle, à l’exception d’une petite vallée qui résiste encore et toujours à l’évolution darwinienne. C’est dans ce cadre enchanteur - quoique marqué par une certaine sauvagerie - que nous retrouvons la famille Dotcom, tribu d’homo-sapiens nettement plus évolués que la moyenne ambiante. Chez les Dotcom, c’est le grand chambardement. La mère, prof de préhistoire-géo en Zep (Zone d’Evolution Prioritaire), se retrouve complètement bloquée du dos.

Diagnostic du kiné : bipédie mal assumée doublée d’un redressement trop rapide et d’un petit coup de stress, un cocktail classique chez l’homo-erectus. Le père, Blog, se morfond dans l’Education Nationale et décide de partir dans le privé. Il se fait engager par Désirs d’Avenir, une agence de com’ qui le charge de plancher sur la promotion du monothéisme pour de gros clients du Golfe. « Inventez-nous un personnage de prophète sympa auquel on puisse s’identifier : je suis sûr que vous allez faire des miracles », lui prédit son nouveau boss. Histoire de le motiver, il lui offre même deux billets pour le classico PSG-OM, autrement dit Primates-St-Germain contre Olympic Mammouth. Moralité : le privé, c’est cool. La preuve, une de ses sympathiques collègues a inventé l’évolution participative, qu’elle a joliment rebaptisée « darwinitude ». L’ennui, c’est que la vie de bureau se révèle vite plus sauvage que la vie des cavernes, comme ne va pas tarder à le constater le malheureux Blog…

On n’en finirait pas de dresser la liste des astuces, clins d’œil et autres détournements de notre actualité imaginés par Jul, qui signe un deuxième volet de Silex and the City tout aussi hilarant que le précédent. Depuis l’été dernier, toute la France des années 2010 après Jésus-Christ s’est convertie à l’humour épatant et décapant de Jul, qui sait comme personne faire rimer « intelligence » avec « pertinence » et « burlesque attitude » avec, euh… « humouritude ». Du Père Noël au commerce équitable et aux clubs échangistes inter-espèces, Jul recycle avec une jubilation contagieuse nos mythologies en un miroir désopilant de notre société contemporaine. Et l’on découvre enfin pourquoi les dinosaures ont disparu : s’ils avaient eu un bon business model et s’ils avaient mangé leurs cinq fruits et légumes par jour, ils n’en seraient pas là aujourd’hui !