La Mano

Aristofane, Raffaella, Sandro, Dina et Piero. Ils sont cinq. Cinq Italiens d’une vingtaine d’année unis, ou presque, comme les doigts d’une main. La Mano. Mais c’est un poing fermé qu’ils préfèrent brandir. Par romantisme, par idéologie, par amour et par naïveté, ces amis de fac vont vouloir à leur tour, comme leurs glorieux aînés, toucher l’Histoire, la vraie. Et quand leurs congénères s’éperdent dans l’atmosphère émolliente des amphis et de lendemains qui déchantent, eux préfèrent la fraternité des camarades et rêvent au Grand soir.

1965. À 60 kilomètres de Bologne. Lorsque Aristofane, le verbe haut et l’allure de chef, convainc ses amis de passer à l’action, aucun n’hésite. Et pour cause, il s’agit tout bonnement d’effrayer un odieux capitaliste coupable de maltraiter ses salariés pour s’enrichir sans cesse. Mais ce premier « exploit », et son trésor de guerre, vont conduire les cinq partisans vers la chute finale.
Car cette histoire est celle d’une dérive. La perdition d’une bande de potes qui commença par l’activisme potache pour finalement succomber à la violence.
C’est aussi un très beau récit sur l’amitié désabusée et l’amour passionné. C’est enfin un témoignage sur cette période déjà oubliée mais qui marqua l’Europe et les consciences des années 1970 par ses actes violents et ses revendications bruyantes. Dans l’Italie des « années de plomb », la guerre sera déclarée contre la démocratie libérale et ses alliés supposés. Groupuscules néofascistes et révolutionnaires d’extrême gauche rivaliseront de violence jusqu’à verser dans la lutte armée et sanglante.

Sur un scénario inspiré et documenté de Philippe Thirault (O’Boys), et de superbes dessins de l’Italien Alberto Pagliaro, voici le premier tome d’un drame en trois actes. Le destin tragique d’idéalistes qui voulaient simplement, tout simplement, changer le monde.