All Watcher

Chaque année, des milliards disparaissent, aspirés dans la spirale de ce que les géographes ont baptisé « l'anti-monde ». Narco-économie, trafics en tous genres dont les profits sont blanchis dans l'économie officielle... un sujet en or pour Stephen Desberg, qui voit là le défi ultime adressé à Larry B. Max, le héros d'I.R.$., le chevalier blanc de la finance internationale. De ce constat est née All Watcher, série dérivée d'I.R.$.  qui voit Larry, et bien d'autres, tenter de résorber ce trou noir financier par tous les moyens.  
Pour Avant Première, Stephen Desberg lève le voile…

« Je construis mes fictions en lisant, puis en faisant des connexions, selon ce qui me semble logique » nous dit Stephen Desberg. « Ça fait froid dans le dos, mais ce serait tout à fait possible. On connaît un peu les sommes que génère le marché de la drogue – même si ce ne sont que des extrapolations. Et là, on se rend compte qu’énormément d’argent disparaît de l’économie officielle. L’analogie avec le phénomène du trou noir était très tentante. » Au-delà de l'analogie, le scénariste a choisi d'incarner ce phénomène en une personne : All Watcher, « un personnage au centre du système, qui a attiré tellement d’argent qu’il est l’homme le plus riche du monde ». Un défi parfait pour le héros d'I.R.$. , série qui doit une partie de son large succès au réalisme des thèmes choisis par le scénariste : qu'il s'agisse de la restitution de l'or juif par les banques suisses, de la narco-économie ou des rapports entre terrorisme et pétro-dollars, Stephen Desberg s'appuie toujours sur l'actualité : « C’est ça que je trouve fascinant, ces gens qui gagnent de l’argent aussi bien légalement qu’illégalement. All Watcher, c’est ça ! (…) Il faut se rendre compte qu’aujourd’hui, toutes nos grandes banques ont des filiales dans les paradis off-shore. Et que s’attaquer à ces filiales reviendrait à condamner plusieurs de ces banques à la faillite. La grande question, c’est : « Sommes-nous prêts à payer le prix d’un système plus juste ? »

Cette question, Larry B. Max et quelques autres ne se la posent plus. Ils ont décidé d'agir. Antonia Sforzi, Mia Maï, Vincent Coutelier... autant de personnages qui ont croisé la route d'All Watcher, sans l'identifier, ni réellement comprendre à qui et à quoi ils avaient affaire. Au fil des albums, le scénariste fait avancer leur enquête, changeant de personnage principal à chaque album : « Ca me permet de faire du thriller financier avec des personnages qu’on attendait pas forcément, avec lesquels je ne ferais pas forcément une série, mais qui fonctionnent bien dans ce cadre. » De plus, Stephen Desberg prend un malin plaisir à nous dévoiler chaque fois un peu plus de la confrontation finale, en vue de l'apothéose du 7e tome : « J’aime bien utiliser des ressorts de polar dans quelque chose qui n’en est pas vraiment un. Ici, nous sommes dans un thriller financier mais cette mécanique donne un cadre, une structure. Je peux donner les cartes au lecteur au fur et à mesure.» Le procédé donne une nervosité à l'ensemble, un rythme parfaitement adapté à la parution de la série. En effet, Desberg a travaillé avec cinq dessinateurs différents, de manière à ce que les sept albums sortent en deux ans, en parallèle de l'enquête qui occupe actuellement Larry B. Max dans les pages de la série-mère. Bien plus qu'une parenthèse, All Watcher est donc une véritable série parallèle, haute en couleurs, en personnages forts et en action, accessible aussi bien au novice qu'au lecteur assidu d'I.R.$. N'hésitez donc pas, et plongez au sein du trou noir avec Larry et les autres !